Comme la terre est terre et non ciel,
Selon certains pourtant la terre inclut son ciel.
Comme ce bleu si loin de nous est hors d’atteinte,
Notre fringale de bleu s’en trouve aiguisée…
Bel astre voyageur, hôte qui nous arrive
Des profondeurs du ciel et qu'on n'attendait pas,
Où vas-tu ? Quel dessein pousse vers nous tes pas ?
Toi qui vogue au large en cette mer sans rives,
Mais l'eau dort plate autour d'un grand tertre escarpé,
Tout hérissé de bois. Lent, le soir est tombé.
Dans l'air mort, où s'ébauche un soupçon de tonnerre,
Rôde, vitreux, magique, un jour de luminaire.
Quand le ciel éteindra ses étoiles avares,
Pour éclairer l'espoir, l'homme a planté des phares
Sur les rocs, les écueils, la pointe des îlots ;
Dès que meurt le soleil, la côte illuminée
Déploie avec lenteur une large traînée
De sa lumière ardente à l'horizon des flots.